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Un petit coin de bibliothèque
10 octobre 2020

Le Scénar - Philippe Pratx

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Quatrième de couverture:

Le Scénar, c'est l'histoire - mais est-ce bien une histoire? - de quelques personnages qui ont découvert le texte anonyme d'un scénario de cinéma. Quand on découvre un trésor, quand on découvre un secret... cela peut changer une vie. Mais quand on découvre le manuscrit d'un «scénar», que peut-il se passer ?

Emo, le jeune chat peut-être un peu étrange sur les bords, serait-il le mieux placé pour le savoir ? "... un chaton minuscule et craintif devant un monde qui se dérobe comme dans un roman de Stephen King, shooté à l'Apocalypse. Que nul n'entre ici s'il n'est cinéphile, pour paraphraser la célèbre Académie", selon les mots du préfacier Jean-Max Méjean.

Roman allégorique qui explore la relation que nous avons avec la réalité et la fiction, Le Scénar est aussi une déclaration d'amour au road movie... un road movie nourri d'inspirations fantastiques, politiques, philosophiques...

 

Voilà une lecture qui sort de mes genres de prédilections et dans laquelle j'ai eu du mal à me plonger, car elle me faisait peur. De prime abord, ce n'est pas du tout le genre de livre vers lequel je me serais dirigée, mais la quatrième de couverture était aussi intrigante qu'étrange et c'est finalement ce qui me faisait peur, j'étais curieuse, mais j'avais également peur de me retrouver à lire un roman se revendiquant léger et qui à lecture serait parfaitement indigeste et moralisateur à souhait. Pour toutes ses raisons, il m'a fallu quelque temps avant de prendre mon courage à deux mains et me lancer dans la lecture.

Bon avant de commencer, on va établir un code pour que je puisse vous parler sans vous en dire trop ou vous embrouiller. Dans l'histoire, on va suivre 3 groupes ou personne qui vont constituer chacun un niveau du roman que j’appellerais strate (comme dans Inception, oui oui).

La première strate est celle du narrateur qui va directement s'adresser à nous lecteur.

La deuxième strate est celle d'un groupe d'amis qui ont trouvé un scénario.

La dernière strate, ce sont les extraits du scénario.

Tout le long de l'article, je parlerais donc en strate pour que ce soit plus facile à comprendre dans certains passages. 



Au début de ma lecture, j'ai été fortement dérangé par cette présence du narrateur qui s'adresse au lecteur et qui prend une grosse place dans le récit, une trop grosse place à mon goût. Ces interventions, qui se veulent décalées et drôles, ne le sont pas pour moi. Ici, j'ai trouvé ces passages plutôt dérangeants, rébarbatifs, un peu pompeux parfois, rendant la lecture pénible alors que le reste est très fluide et agréable, la lecture ce fait vraiment toute seule. Ces passages créent de gros ralentissement de rythme et casse l'immersion dans l'histoire. C'est ce que j'ai le plus détesté de toute cette lecture.

De manière générale, je n'aime pas que l'auteur soit présent et me parle pendant ma lecture, c'est un procédé qui n'a aucun autre effet pour moi que de m'irriter. Ici, on est dans une exagération volontaire de ces interventions, et j'ai vraiment eu peur d'en faire une indigestion. Puis petit à petit, l'histoire se déroule et on ressent une mise en abîme avec au premier plan l'auteur qui nous parle, puis on plonge dans le récit du groupe qui trouve le scénario et enfin la dernière plongée se fait dans l'histoire que raconte ce fameux scénario (les fameuses strates dont je parlais plus haut). Bien que je n'aime pas la partie auteur qui me parle, cette construction est intelligente, car elle nous plonge dans différents stades de "réalité ", car chaque protagoniste dans sa strate se sent dans la réalité y compris le lecteur.

L'auteur pense être dans la réalité puisque c'est lui qui tire les ficelles et sait qu'il écrit un roman qui est une fiction.

Les trois amis pensent être dans la réalité vu que c'est eux qui trouve le scénario qui pour eux est une fiction.

Les protagonistes du scénario pensent être dans la réalité vu qu'ils vivent leur vie.

Le lecteur est dans la réalité puisqu'il lit le roman, qui est une fiction, dans sa vie.

C'est tellement bien construit que ça nous pousse à réfléchir en douceur sur ce qui est réel ou non. Pour moi finalement le temps de ma lecture, nous étions tous (l'auteur, les amis, les protagonistes et moi) dans la fiction de ce roman et donc pour un temps hors de la réalité. 

En plongeant en deuxième strate nous suivons les amis qui parlent et découvrent le scénario, c'est finalement leur histoire que nous sommes censé suivre. Enfin troisième strate, on découvre le scénario comme si nous étions en train de le lire. Et ces deux strates fonctionnent parfaitement ensemble. 
J'ai pour habitude sur ce blog de faire des articles ou j'oppose les livres à leurs adaptations cinématographiques, avec ce roman, j'ai eu l'impression de lire et d’être au cinéma en même temps. Pas parce que j'arrivais à me représenter les scènes dans ma tête comme avec n'importe qu'elle livre, mais grâce au système de strate. 

Quand je lisais les partis scénarios, je rentrais dans une histoire comme avec n'importe quel autre roman et je commençais à me faire mon film mental sauf quand dans le roman les changements de strate surviennent brusquement comme des interruptions. Vous êtes en train de lire les extraits du scénario et d'un coup vous avez les échangent des amis sur ce que vous venez de lire. Et c'est ça qui me donnait cette impression d'être au cinéma avec ces gens un peu chiant qui aiment commenter, poser des questions et parler au lieu de regarder le film (je sais que vous voyez tous de quel type de personne, je parle) et j'ai ressenti en lisant ce même sentiment de frustration et d'envie de dire à ces personnes de se taire pour que je puisse profiter de mon film. C'est pour moi le deuxième coup de génie de ce livre. D'ailleurs de mémoire, je pense que c'est la première fois que j'ai cette impression avec un livre. La construction est vraiment maligne.

Parlant cinéma si vous êtes cinéphile, chevronné, vous allez adorer la multiplication de références aux diverses œuvres que l'auteur à parsemer tout au long du roman.

Bon tout ça, ce sont mes impressions de début lecture, mais une fois le livre terminé, je me sens mitigée.

D'un coté, je salue toutes ces bonnes idées, tous ces moments de remises en question de ce qui est réelle de ce qui ne l'est pas et toute la construction qui vient sans cesse détruire nos certitudes telle une boule de bowling venant striker les quilles de nos croyances.

D'un autre coté tout est trop confus pour moi et cette confusion me vient à cause des passages ou l'auteur prend le devant de la scène, je n'aime pas ce procédé, je l'ai déjà dit plus haut et force est de constater qu'une fois encore, il n'a pas eu l'effet escompté sur moi. Je reconnais pourtant que ces passages ont leur importance, mais je n'arrive pas a la saisir pleinement parce que ça m'énerve, ça me coupe dans ma lecture, ça me perturbe et je n'arrive plus à apprécier ce que je suis en train de lire. 

Un autre point qui relève encore complètement de mon goût personnel, c'est la présence trop forte de politique. Je sais que c'est quelque chose d'important et dans la vraie vie pourquoi pas, mais quand je prends un livre, c'est justement pour me sortir de toute cette ambiance et de cette réalité justement et ici, j'en sortais pour mieux y replonger et ce n'est pas du tout ce que j'aime. 

En dépit de tous ces petits points négatif, pour moi, ce roman reste un bon roman il y a énormément de bonnes idées, de twist, de moments qui poussent à réfléchir à explorer tout ce qui touche à l'imaginaire, l’interprétation, l'immersion, la réalité. C'est vraiment complet et intelligent dans la construction bien que parfois brouillon parce qu'on cherche à donner du sens à ce qu'on lit alors qu'il n'y en à pas forcément ou qu'on n'a pas suffisamment d’élément pour créer ce sens. Je pense sincèrement que s'il n'y avait pas eu ces interventions de l'auteur, pendant le récit, j'aurai mieux pu l’apprécier, mais je suis consciente que je serais passé à coté de plusieurs subtilités. 

Ce n'était pas un livre fait pour moi, mais je ne peux pas dire que ce soit un mauvais roman bien au contraire. 

Finalement en dépit du bon et du mauvais que j'ai pu trouver dans ce livre, je suis passée par pas mal d'émotions, l'irritation, la frustration, la confusion, la peur, la joie, la tristesse, l'étonnement, mais à aucun moment la déception et ça, c'est le signe révélateur, pour moi,d'un bon roman... Ressentir.

 

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